11.7.17

Génocide de Srebrenica. Le « mensonge originel » du général Philippe Morillon


Ce 11 juillet marque le nouvel anniversaire du génocide de Srebrenica en 1995, à la fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Nous revenons ici sur un évènement qui a précédé le génocide impliquant directement le général français Philippe Morillon, alors commandant des forces de l’ONU dans le pays.

Philippe Alcoy

En effet, le général Philippe Morillon, ancien putschiste et partisan de l’Algérie française, s’est rendu en mars 1993 à Srebrenica en Bosnie, en tant que commandant des forces de l’ONU dans le pays. En pleine guerre, la ville était encerclée par les forces serbes du général Ratko Mladic. La population a alors empêché le général français de repartir vers Sarajevo, la capitale du pays, sans une garantie pour leurs vies.

Morillon déclare alors qu’il a « décidé » d’y rester et met la ville soi-disant sous protection des forces de l’ONU : « je suis venu de mon propre gré ici et maintenant j’ai décidé de restes ici, à Srebrenica ! Vous êtes maintenant sous la protection des forces de l’ONU », lançait-il à la foule.

Mais c’était une mise en scène. Lui-même reconnaitra plus tard qu’il n’avait pas vraiment décidé de rester dans la ville mais y avait été contraint par ses habitants. Ses déclarations visaient à « sauver son honneur » et à « démontrer » qu’il n’était pas leur « otage » : « ce sont les femmes et les enfants qui se sont opposés à mon départ (…) C’est vrai que j’ai été retenu mais c’est vrai aussi que pour mon honneur de soldat j’ai voulu leur montrer que je n’était pas leur prisonnier ».

Mais la plus grande, et tragique, mise en scène a été la promesse de déclarer la ville un « sanctuaire », sous protection de l’ONU. Cela a abouti au désarmement des résistants de Srebrenica, ce qui a facilité, deux ans plus tard, le génocide de plus de 8 300 hommes et jeunes hommes musulmans de la ville.

Le général Morillon est ainsi l’une des figures qui représente la responsabilité directe de l’ONU et des puissances occidentales dans la barbarie de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Et cette responsabilité reste largement occultée ou, au mieux, « partiellement » reconnue comme dans le cas des soldats néerlandais de l’ONU.

En effet, la justice vient de reconnaitre la « responsabilité partielle » des Casques Bleues néerlandais dans le massacre 350 hommes à Srebrenica, qu’ils ont expulsés de leur base le 13 juillet 1995 alors que les forces serbes avaient déjà pris la ville. Ainsi, l’Etat néerlandais a été condamné à payer 30% dommages et intérêts réclamés par les familles des victimes car, selon la justice, ce n’était pas sûr « que ces personnes n’auraient pas été tuées plus tard même si elles étaient restées dans l’enclave ».

Ce 11 juillet, 22 ans après le dernier génocide du XXe siècle sur le sol européen, reste donc une nouvelle occasion pour rappeler la responsabilité des puissances impérialistes qui essayent de réécrire l’histoire à leur guise.

RP

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