Ce
11 juillet marque le nouvel anniversaire du génocide de Srebrenica en
1995, à la fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Nous
revenons ici sur un évènement qui a précédé le génocide impliquant
directement le général français Philippe Morillon, alors commandant des
forces de l’ONU dans le pays.
En effet, le général Philippe Morillon, ancien putschiste et partisan
de l’Algérie française, s’est rendu en mars 1993 à Srebrenica en
Bosnie, en tant que commandant des forces de l’ONU dans le pays. En
pleine guerre, la ville était encerclée par les forces serbes du général
Ratko Mladic. La population a alors empêché le général français de
repartir vers Sarajevo, la capitale du pays, sans une garantie pour
leurs vies.
Morillon déclare alors qu’il a « décidé » d’y rester et met la ville soi-disant sous protection des forces de l’ONU : « je
suis venu de mon propre gré ici et maintenant j’ai décidé de restes
ici, à Srebrenica ! Vous êtes maintenant sous la protection des forces
de l’ONU », lançait-il à la foule.
Mais c’était une mise en scène. Lui-même reconnaitra plus tard
qu’il n’avait pas vraiment décidé de rester dans la ville mais y avait
été contraint par ses habitants. Ses déclarations visaient à « sauver
son honneur » et à « démontrer » qu’il n’était pas leur « otage » : « ce
sont les femmes et les enfants qui se sont opposés à mon départ (…)
C’est vrai que j’ai été retenu mais c’est vrai aussi que pour mon
honneur de soldat j’ai voulu leur montrer que je n’était pas leur
prisonnier ».
Mais la plus grande, et tragique, mise en scène a été la promesse de
déclarer la ville un « sanctuaire », sous protection de l’ONU. Cela a
abouti au désarmement des résistants de Srebrenica, ce qui a facilité,
deux ans plus tard, le génocide de plus de 8 300 hommes et jeunes hommes
musulmans de la ville.
Le général Morillon est ainsi l’une des figures qui représente la
responsabilité directe de l’ONU et des puissances occidentales dans la
barbarie de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Et cette responsabilité
reste largement occultée ou, au mieux, « partiellement » reconnue comme
dans le cas des soldats néerlandais de l’ONU.
En effet, la justice vient de reconnaitre la « responsabilité
partielle » des Casques Bleues néerlandais dans le massacre 350 hommes à
Srebrenica, qu’ils ont expulsés de leur base le 13 juillet 1995 alors
que les forces serbes avaient déjà pris la ville. Ainsi, l’Etat
néerlandais a été condamné à payer 30% dommages et intérêts réclamés par
les familles des victimes car, selon la justice, ce n’était pas sûr « que ces personnes n’auraient pas été tuées plus tard même si elles étaient restées dans l’enclave ».
Ce 11 juillet, 22 ans après le dernier génocide du XXe siècle sur le
sol européen, reste donc une nouvelle occasion pour rappeler la
responsabilité des puissances impérialistes qui essayent de réécrire
l’histoire à leur guise.
Vidéo :
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