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travailleurs sur un peu plus de 2400 se trouvent en grève, depuis deux
semaines, à l’usine de Fiat Chrysler de Kragujevac en Serbie. La grève
dans cette usine stratégique est en train d’inquiéter fortement le
gouvernement et la première ministre en personne est allée essayer de
faire l’intermédiaire.
« La grève à l’usine Fiat est le problème le plus grand de
l’économie serbe » a déclaré l’économiste Stojan Stamenković. En effet,
l’industrie automobile représente l’un des secteurs clés des
exportations serbes et l’usine de Kragujevac est l’une des plus
importantes du pays.
Les ouvriers sont en grève depuis le 27 juin et exigent des
augmentations de salaires (actuellement le salaire des travailleurs chez
Fiat est d’environ 300 euros et ils demandent qu’ils soient augmentés
jusqu’au moins 355 euros). Ils exigent aussi une réorganisation du
travail ou l’embauche de nouveaux travailleurs pour alléger la charge de
travail sur les ouvriers qui doivent parfois faire leurs tâches en plus
de celles des ouvriers en arrêt de travail ou en congés maternité.
D’autres revendications touchent à des compensations pour les coûts
additionnels de transport quand ils doivent arriver à des horaires où
les transports publics ne sont pas encore en service ou des
augmentations pour les primes annuelles.
Depuis deux semaines les travailleurs se rendent à leurs postes de
travail mais refusent de travailler. Et malgré le fait que la première
ministre, Ana Brnabic, se soit déplacé et tente d’ouvrir un dialogue
entre l’entreprise et le comité de grève, les travailleurs ont décidé de
continuer leur grève tant qu’ils n’auront pas de garanties quant à
leurs revendications.
L’entreprise de son côté laisse courir dans la presse des rumeurs
comme quoi elle pourrait quitter le pays et en même temps refuse de
négocier avec les travailleurs tant qu’ils sont en grève.
En effet, le patronat, notamment Fiat, craint que de telles grèves se
répandent dans le secteur automobile en Serbie, voire dans d’autres
branches de l’industrie. La grève chez Fiat à Kragujevac est d’ailleurs
inspirée de celle des travailleurs de Magneti-Marelli, un sous-traitant
situé dans la même ville, qui fourni l’usine Fiat en pièces détachées.
Le gouvernement essaye de calmer les travailleurs de Fiat en se
montrant « conciliant » et faisant des efforts pour ouvrir les
négociations. Or, l’Etat serbe détient encore 33% de l’entreprise
(anciennement Zastava).
Les grévistes de Serbie ont reçu un message de solidarité avec leur
lutte de la part des travailleurs italiens du groupe Fiat. Dans celui-ci
ils affirment : « Nous exprimons notre solidarité avec votre lutte. Les
raisons de votre grève sont indiscutables (…) Il s’agit des mêmes abus
que nous souffrons tous les jours en tant que travailleurs Fiat Chrysler
en Italie. (…) Votre lutte est une source d’inspiration et un exemple.
Cela montre que nous pouvons et nous devons dire non à Marchionne [PDG
de Fiat] ! ».
Effectivement, la grève chez Fiat à Kragujevac est un exemple
important et un espoir pour les travailleurs de Serbie et de la région
durement humiliés et frappés par des années de privatisations,
fermetures d’entreprises, licenciements, bas salaires, chômage et
misère.
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