Lundi
dernier les rues de Port-au-Prince, capitale de l’île caribéenne, ont
été vidées par une grève des transports. Il s’agit de la deuxième
journée de grève depuis que le parlement a voté un nouveau budget
augmentant les taxes sur certains produits de consommation dont
l’essence et sur les licences des chauffeurs de taxis, mototaxis et des
mini-vans, pratiquement les seuls transports publics existants. Une
nouvelle journée grève est attendue ce mercredi.
Haïti compte parmi les pays les plus pauvres du continent
américain et du monde. Le pays a été dévasté par un tremblement de terre
en 2010 et durement touché par des ouragans ces dernières années,
notamment Matthew en 2016. A cela il faut ajouter des conditions
économiques désastreuses pour les classes populaires, en grande partie
dues à la spoliation organisée par les puissances impérialistes, et le
gouvernement haïtien, à leurs bottes.
Dans ce contexte de pauvreté généralisée, où la survie est une lutte
de tous les jours, la hausse des taxes sur les produits de première
nécessité votée par le parlement passe mal, très mal. Tout comme celle
touchant les licences des véhicules –mototaxis, taxis, mini-vans – qui
comptent parmi les seuls moyen de transport, là où les services publics
n’existent pratiquement pas.
Ainsi, un manifestant déclarait à la presse « ces petits voleurs dans le parlement ont voté pour ce budget pour aider le gouvernement à exploiter le peuple ». Un autre encore affirmait : « la
révolution ne fait que commencer. Jovenel Moise [le président haïtien]
devra reculer sur ses taxes ou devra partir immédiatement (…) Et ceci
est un avertissement car la prochaine étape peut être très violente ».
L’exaspération est très grande. La manifestation qui s’est déroulée
la semaine dernière a vu ses manifestants, très remontés, s’affronter
avec les forces de l’ordre. Lundi, les rues de la capitale étaient
vides. Les magasins et les écoles étaient fermées, les administrations
ouvertes mais il n’y avait presque pas de salariés, les mototaxis et les
mini vans n’ont circulé du tout.
Reste à voir si d’autres secteurs de travailleurs se joindront au
mouvement, et si cette mobilisation contre la hausse des taxes, hostile
aux mesures antipopulaires, se transforme en fronde
anti-gouvernementale.
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