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ans jour pour jour après le début de la guerre civile en Syrie on
assiste à une guerre essentiellement réactionnaire. Au milieu de cette
catastrophe, la lutte du peuple kurde est la seule à présenter un
objectif progressiste, malgré les errements de sa direction. Ici
quelques pistes pour penser une politique de classe et révolutionnaire
vis à vis de la situation en Syrie.
On assiste en Syrie à une guerre essentiellement réactionnaire.
Elle a éclaté dans le cadre de la contre-révolution face au « printemps
arabe » qui a traversé la région et implique de multiples acteurs
régionaux et internationaux réactionnaires.
C’est dans ce cadre que la lutte pour l’auto-détermination des Kurdes
de Syrie a pris de l’ampleur, notamment après la défense de Kobanê face
à Daesh. La lutte des forces kurdes est la seule à présenter un
objectif progressiste dans la guerre réactionnaire en Syrie. Mais avec
l’évolution du conflit, la revendication d’une « Syrie démocratique et
fédérale », en lien avec le « confédéralisme démocratique » qui a
substitué le programme « marxiste-léniniste » historique du PKK, a gagné
du poids face à la lutte pour l’auto-détermination kurde.
Les succès militaires et la modération du discours de la direction du
mouvement kurde de Syrie, le PYD/PKK, lui ont permis d’obtenir le
soutien de l’impérialisme US qui utilise les combattants kurdes contre
Daesh et pour atteindre ses propres buts. Dans le passé, déjà,
Washington a su instrumentaliser l’UCK kosovare contre la Serbie de
Milosevic, avec les conséquences que l’on sait. A d’autres moments du
conflit, et même aujourd’hui, les forces kurdes étaient aussi dans un
accord de non-agression tacite avec le régime d’Assad.
Sans rentrer dans le débat sur les tactiques au cours d’une guerre,
il est évident que ces compromis, même « tactiques », ont un coût
politique qui se paiera au prix du renoncement au droit à
l’auto-détermination kurde ainsi qu’à transformer, réellement, les
rapports de propriété et de production au Kurdistan. Ce renoncement se
traduit par le mot d’ordre d’une « Syrie démocratique et fédérale »,
sans remettre en cause l’Etat capitaliste syrien, ni même son contrôle
par Assad. Pire encore, l’alliance avec les USA permet à l’impérialisme
nord-américain de compter sur une position avancée en Syrie, ce qui
constitue en fin de compte le principal danger contre le droit à
l’auto-détermination de tous les peules de la région.
Or, c’est justement une ligne anti-impérialiste et de remise en cause
de l’Etat capitaliste syrien qui pourrait constituer la base d’une
politique de classe capable d’unifier la lutte du peuple kurde à celle
des exploités et opprimés de toute la Syrie, voire de la région, et offrir une perspective progressiste face à toutes
les options réactionnaires actuelles. Une politique défendant un
programme mettant en avant la nationalisation, sans indemnité et sous
gestion ouvrière, des principales industries du pays, notamment le
pétrole, ainsi que l’imposition d’un plan de reconstruction dont les
fonds soient financés, sans contrepartie ni dettes, par les pays qui ont
participé à la destruction de la Syrie, à commencer par les USA, la
Russie, la France, l’Iran et la Turquie mais aussi l’Arabie Saoudite,
les monarchies du Golfe et Israël ; le retrait de toutes les armées
étrangères, des puissances régionales, de la Russie et des
impérialistes ; la lutte contre le régime d’Assad, pour un gouvernement
de travailleurs, condition centrale pour garantir le droit à
l’auto-détermination de tous les peuples de la région, avec la
perspective des Etats Unis Socialistes du Moyen Orient.
Une victoire décisive des travailleurs et des masses en Syrie,
pourrait poser les bases pour qu’une partie de la classe ouvrière
israélienne commence à rompre avec le sionisme, condition indispensable
pour la libération de la Palestine mais aussi pour la lutte contre
l’impérialisme dans la région.
Il faut mettre le conflit syrien dans le contexte mondial de la lutte
de classes. L’influence de la lutte de classes en Europe sur le Moyen
Orient est directe. Le contraire est aussi vrai : une défaite des
réactionnaires au Moyen Orient pourrait être une impulsion pour les
exploités et opprimés dans les pays impérialistes.
Pour les révolutionnaires en France, en plus de faire connaitre la
situation en Syrie, la meilleure façon d’aider la résistance c’est de
lutter contre « notre » impérialisme et exiger le retrait immédiat de
l’armée française du Moyen-Orient et l’arrêt des ventes d’armes aux
régimes réactionnaires de la région ; exiger que le PKK soit retiré de
la liste d’organisations terroristes ; exiger la libération d’Ocalan et
de tous les prisonniers politiques des prisons françaises et
européennes, des militants kurdes et pro-palestiniens comme Georges
Ibrahim Abdallah ; exiger l’expropriation sous contrôle ouvrier de
Lafarge, complice de Daesh, et que les fonds expropriés à ce groupe
soient dédiés à la reconstruction de la Syrie ; exiger l’accueil dans
des conditions décentes de tous les réfugiés et exilés. Cela ne passe,
donc, ni par un soutien critique ou acritique, tour-à-tour, à l’Armée
Syrienne Libre, aujourd’hui pion aux mains d’Erdogan, ou de la direction
du PYD-PKK.
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